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Commentaire de Henri VILTARD

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« Il faut parfois choisir entre mythe et réalité. »
Tel un communiste désabusé par les crimes du stalinisme, on sent bien que Guillaume Doizy quitte le mythe à grands regrets ! Nous avons affaire à un déçu de Jossot. Et la déception est à la hauteur de la foi. Sa chronique sur le Foetus récalcitrant racontait déjà toute la déception du militant historien. On le sentait autrefois tout prêt à crier A bas la calotte ! aux côtés de Jossot... sans vraiment prendre conscience que sa démarche ressemble beaucoup à celle de la confrérie soufie à laquelle Jossot s'était affilié, qui invitait encore, il y a quelques années, à voir en Jossot un disciple exemplaire, prouvant ainsi l'ascendant du maître spirituel sur les européens les plus réfractaires... la cause (ou la religion !) n'est simplement pas la même, mais l'usage de l'histoire me paraît bien identique... 


Oui, Jossot est pétri de contradictions, oui Jossot est infréquentable : « pétrit d’aigreur », « donneur de leçon », « nombriliste », etc. mais n'est-ce pas, précisément, cette ambiguïté qui est intéressante ? Et peut-on comprendre la part d'ombre d'un personnage historique en projetant des conceptions (contemporaines sinon simplistes) de l'islam et de la colonisation sur des réalités qui leur sont totalement étrangères ? C'est ainsi que l'on voit souvent une contradiction entre l'anticléricalisme de Jossot et sa conversion à l'islam alors que l'artiste se disait déjà spiritualiste ou « théïste » lorsqu'il fréquentait Victor Charbonnel, le fondateur du journal anticlérical l'Action, qui était lui aussi un homme de sensibilité mystique, ancien prêtre déçu par l'étroitesse d'esprit de sa hiérarchie... Mais une pensée militante peut-elle ne pas rester hermétique à la distinction entre religion et spiritualité...? Jossot n'est pas le premier libertaire à fréquenter les confréries qui offraient aux européens un cadre pour une foi débarrassée de toute la hiérarchie cléricale, une religion aux préceptes simples, supprimant tout intermédiaires entre l'individu et son Dieu.


Bref, j'aurais préféré que Guillaume Doizy tente de comprendre la nature, la genèse et l'originalité des idées de Jossot – sans nécessairement les partager –  plutôt que de jeter l'anathème sur celles qui ne lui seyent point. Le rôle d'un historien ou d'un critique est-il de distribuer des bons points ou d'évaluer l'intérêt historique et littéraire d'une œuvre en fonction de son contexte ? 

Malgré ces réserves quant à sa démarche militante, on ne peut que saluer l'intérêt de G. Doizy pour le sujet et l'énergie qu'il dépense à partager sa passion pour la caricature !
Henri VILTARD


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